Le TELEGRAMME 21 Juillet 2016


Ils étaient une douzaine, réunis hier matin devant le tribunal de grande instance. Membres d'une quinzaine d'associations du pays de Brest, ils attendaient la décision de la juge pour enfants concernant quatre de leurs protégés, de jeunes migrants déclarés « non mineurs » par le parquet de Brest. Un jugement qui leur a redonné le sourire, puisque trois des quatre jeunes ont été reconnus mineurs. Parmi eux, « Marco », pour qui les habitants de la ville de Guilers ont multiplié les actions depuis plusieurs mois. Désormais, Marco et les deux autres garçons concernés vont pouvoir rejoindre le système de l'aide sociale à l'enfance : école, famille d'accueil... « Une fois que la minorité est validée, le système de prise en charge des mineurs fonctionne bien », reconnaît Olivier Cuzon, de la Ligue des droits de l'homme.
Des tests médicaux contestés

Dans une lettre ouverte adressée aux élus locaux, régionaux et départementaux, le « Réseau pour l'accueil des migrants dans la dignité dans le pays de Brest » dénonce la brutalité de ces exclusions, qui ne laisse aux migrants « qu'un délai de 24 ou 48 heures pour quitter leur hébergement ». Ils dénoncent également le recours « systématique » à des examens médicaux, en l'occurrence un test osseux, pour déterminer l'âge de jeunes concernés.



« Ce test est contesté par les scientifiques et, surtout, il ne doit intervenir qu'après vérification des papiers d'identité, qui ne sont ni pris en compte ni vérifiés à Brest », avance-t-on du côté des associations signataires.
Des examens au cas par cas

Des accusations démenties par le procureur de Brest, Éric Mathais. « Nous demandons systématiquement à la police de vérifier la véracité des documents d'identité, quand il y en a. Si ces papiers sont fiables, nous n'effectuons pas systématiquement de tests médicaux », précise le procureur Mathais, qui assure un examen « au cas par cas ». « Le test osseux ne peut être le seul élément qui permet d'écarter la minorité. Nous effectuons également un test dentaire et un examen général. Nous essayons simplement d'être le plus prudents possible, afin d'éviter les erreurs et de réduire les abus (...) pour permettre à ceux qui ont vraiment droit d'en profiter », ajoute-t-il.
Deux autres jugements en septembre

Toujours défendus par Me Quantin, deux autres jeunes passeront devant le juge pour enfants en septembre. Selon les associations, ils seraient une vingtaine « sortis du système » à Brest. Pour eux, les associations continuent de se mobiliser : nourriture assurée par la Banque alimentaire, cours d'alphabétisation, de maths et quelques sorties « pour qu'ils ne restent pas enfermés dans leur hôtel », ajoute Jean Le Velly, président de l'association Digemer