SOS expulsion d'un jeune migrant

 

Lors d'un contrôle de police récent, le jeune Papou Salla Diallo a été placé en centre de rétention à Rennes et doit être reconduit en Côte d'Ivoire lundi.

 

Papou est ivoirien, né le 1er avril 2000, il est donc ENCORE mineur. Il est arrivé à Brest en janvier 2017, il a passé 10 mois à l'hôtel dans l'attente de la reconnaissance de son statut de mineur, qui lui a été refusé par le procureur : il avait des papiers, mais il y manquait des tampons, ces papiers  n'étaient pas faux car ils lui ont été rendus.

 

En octobre dernier, il a donc été exclus par le procureur de Brest de la possibilité de bénéficier du dispositif de l'Aide Sociale à l'Enfance. Le Réseau du pays de Brest pour l'accueil des migrants dans la dignité lui a trouvé un hébergement , et a demandé à un avocat de faire un recours de la décision du procureur devant le juge des enfants. Il attend toujours sa convocation, et pendant ce temps, "normal",  il a grandi.... : cela fait donc plus d'un an qu'il est en France, et effectivement au fil des mois  il est devenu de moins en moins mineur,...

 

Selon la loi, un mineur ne peut pas être expulsé : mais la minorité de Papou n'ayant pas été reconnue par le procureur, le recours devant un juge des enfants n'est pas suspensif. 

 

En France, l'Etat doit prendre en charge tout mineur, quelle que soit sa nationalité. Il doit donc aussi le scolariser, ce qui est la seule possibilité pour un jeune mineur, migrant ou pas, sans famille, de se construire un avenir. 

 

Mais quand un jeune migrant qui se déclare mineur arrive en France, on commence par mettre en doute sa parole, et le tribunal met souvent des mois, parfois  un an ou plus,  à décider s'il est mineur ou non (seuls les tribunaux sont autorisés à le faire, et à Brest la réponse est souvent non, malheureusement), Puis le recours devant le juge des enfants prend encore des mois... et leur majorité se rapproche. 

 

Et pour ces jeunes migrants (aucun parent  ne souhaiterait que  ses enfants subissent ce qu'ils ont subi, avant, pendant ou après leur voyage) seule la reconnaissance de leur minorité peut leur permettre de se reconstruire, psychologiquement et socialement.

 

Le cas de Papou est exemplaire,car  il n'est malheureusement pas le seul : très récemment à Brest, un jeune a été déclaré mineur après plusieurs mois d'attente ... à 5 jours de sa majorité!

 

Il ne s'agit pas seulement de défendre un jeune : il s'agit se s'insurger  contre la maltraitance institutionnialisée (étatisée?) envers les jeunes migrants. Le défenseur des droits (J. Toubon) dénonce depuis longtemps ce qui se passe, ce qui se fait.

 

En protestant contre l'expulsion de Papou, ce n'est pas seulement lui que nous défendons. Ce sont les valeurs humanistes auxquelles nous croyons, et, bien au-delà, auxquelles se raccrochent les enfants que nous soutenons : ce sont eux qui feront le monde de demain.